lundi 27 février 2023

La Belgique a perdu

 En 2019, le mécanisme d’aide d’urgence du gouvernement belge a perdu son label de qualité des Nations unies, ce qui l’exclut des grandes opérations de secours. De B-Fast, il est devenu, pour certains, B-Slow…

Et la Belgique dans tout ça ? Elle a été invisible jusqu’à ce mardi soir. Par le passé, notamment lors du violent tremblement de terre en Haïti en 2010, les équipes de « search and rescue » belges étaient envoyées dès la première heure sur les lieux de catastrophes naturelles. Elles y ont sauvé des vies. Cette fois, si la Belgique n’est pas associée aux 19 autres pays européens, c’est qu’elle s’est exclue toute seule. « Depuis 2019, nous ne disposons plus de label de qualité des Nations unies qui nous permettait de prendre part à des opérations de sauvetage internationales », commente un membre de la protection civile. « C’est une conséquence du démantèlement de la protection civile décidé par le gouvernement précédent. Nous n’avons plus le matériel nécessaire pour rechercher efficacement d’éventuels survivants sous des décombres. »

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Ce mardi, la ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden (CD&V) a annoncé un peu rapidement qu’à travers le mécanisme B-Fast, « la Belgique va envoyer en Turquie une équipe médicale d’urgence composée de 80 personnes ». Le plus important, à entendre les Affaires étrangères qui chapeautent le B-Fast, « c’est de répondre au mieux à la demande d’aide de la Turquie. On ne peut pas envoyer que des pédiatres, par exemple ». Concrètement, si la Belgique a choisi cette voie-là, celle du cavalier seul, c’est qu’elle n’a plus les moyens de faire de la recherche de survivants. Mais toute la journée, la concrétisation s’est fait attendre.

Envoi d’un hôpital de campagne

Vers 19 h 15, l’information tombait. « Notre pays installera un hôpital de campagne et enverra du personnel pour fournir l’assistance médicale nécessaire à la population locale et soulager la pression sur les hôpitaux turcs », annonçaient les Affaires étrangères. Une unité de reconnaissance partira mercredi pour repérer les lieux où l’hôpital pourra être installé. Une deuxième équipe partira ce week-end pour installer l’ensemble de l’hôpital de campagne qui devra être actif au plus tard jeudi prochain. Le matériel, réparti dans plusieurs dizaines de conteneurs, sera acheminé par des avions de la Défense depuis l’aéroport militaire de Melsbroek.

L’hôpital devrait être opérationnel dans le courant de la semaine prochaine. Selon les Affaires étrangères, il pourra traiter plus de 100 patients par jour et accueillir au moins 20 patients pour passer la nuit sous observation. L’équipe sera composée de médecins belges, spécialisés en chirurgie d’urgence, soutenus par des infirmiers urgentistes et d’autres profils médicaux spécifiques. En fonction des besoins sur le terrain, l’équipe, composée de 70 à 80 personnes, restera sur place plusieurs semaines.

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Qui sont les médecins et infirmiers qui composent l’équipe médicale ? Aucune information n’a encore filtré mais elle n’a pas été facile à composer, selon certaines sources internes. Traditionnellement, ces représentants du corps médical font acte de candidature pour se rendre en mission humanitaire. Ils se mettent en congé de leur activité professionnelle et partent bénévolement sauver des vies. Cette fois, ils ne se sont pas bousculés pour partir. La pénurie de personnel dans les hôpitaux belges n’y est peut-être pas étrangère. Les chefs de service n’autorisent peut-être tout simplement pas les volontaires à s’absenter.

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