vendredi 8 août 2014

Soins de santé ???

Santé: le cochon, la belette et la mère nourricière

Frédéric Soumois (Le Soir  08/08/14)

Le gaspillage est un cochon. Il bâfre sans retenue et pille sans conscience le fond de son auge sans penser au lendemain. Sans l’homme qui l’engraisse avec intérêt, il périrait.

L’iniquité est une belette. De ses dents, elle arrache sa pitance aux autres, peu importe qu’ils dépérissent. Elle préfère se ronger une patte plutôt que de partager.

Ces deux périls menacent en permanence un système de santé publique. Dont le principe est simple : chacun contribue selon ses moyens pour dresser le meilleur rempart contre la souffrance, la maladie et la mort. Un combat perpétuel.

Le gaspillage doit être traqué, le cochon doit dépérir. Les consultations gratuites ne doivent pas aboutir à ce qu’elles perdent toute valeur. Les médicaments à bas prix ne doivent pas déboucher sur un laisser-aller.

Il n’y a pas de doute que notre système de santé doive être largement réformé. Certains gagnent trop, d’autres s’épuisent toute la nuit auprès de malades au souffle court. On limite le nombre de jeunes qui peuvent embrasser cette carrière, mais on manque d’urgentistes, de pédiatres, de gynécos… Potentiellement, toute la pharmacie du monde est à nous : mais un médicament sur vingt manque en pharmacie. Presque un Belge sur dix avoue devoir attendre pour voir le médecin. Et ne pas soigner son infection ou sa toux grasse qui peut cacher tant de choses que seul un médecin peut lire.

Mais si on confond réforme et coupes claires dans la solidarité, si l’on prive certains de justes soins, on donnera priorité à la belette. La belette, au nord, a déjà décidé de doubler le minerval des étudiants, supprimé la gratuité des transports pour les aînés, augmenté le prix de l’eau, du gaz et de l’électricité. Sous le masque en carton de la bonne gestion.

Sous le même alibi, est-ce que la belette fédérale augmentera le prix des consultations, refusera de transplanter les plus âgés, rationnera les valves cardiaques, instaurera des mois d’attente pour les spécialistes ? Notre système de santé, aujourd’hui célébré comme l’un des plus performants et équitables au monde, risque alors de chuter au fond du gouffre de l’égoïsme, du repli, de l’atavisme.

Si la belette tue la solidarité essentielle du soin accessible pour tous, quels que soient ses vertus et ses revenus, on tuera le cœur même de notre pays. On assassinera froidement notre mère nourricière, celle qui nous prend dans ses bras pour nous protéger du froid et de la maladie.

Maintenant, réfléchissez un peu à ce vont devenir nos "soins de santé" avec les cadors de NVA aux manettes...

http://www.lesoir.be/620055/article/debats/editos/2014-08-08/sante-cochon-belette-et-mere-nourriciere

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